Guerrevieille
Le vieux Hameau de Guerrevieille Est empreint du charme d’antan. Tout ici, pour chacun, éveille L’âme des lieux, des habitants.
Le fermier qui s’y établit Il y a près de quatre cents ans N’est pas retombé en oubli. Son testament en est garant :
Ses enfants reçurent chacun Une maison individuelle, Le terrain restant en commun, « Pateq » confié à leur tutelle.
Les animaux et les engins Et les bâtiments de service Etaient à tous, comme le pétrin : « A chacun, vous rendrez service ! »
Au départ, il y avait la source Sans laquelle rien n’eut existé Dont l’eau joyeuse dans sa course Coulait l’hiver comme l’été.
D’un bord c’était la bergerie, Et de l’autre le four à pain. Devant, il y avait l’écurie Et, près d’elle, la grange à foin.
Au milieu on trouvait la presse Le petit chais, la cuve à vin. Et répartis avec sagesse Les logements aux fiers dessins.
Le plus grand était la Bastide Réservée au premier enfant Ils avaient tous des murs solides Destinés à défier le temps.
Les hangars abritaient charrettes Charrues, outils et instruments. Dans le hameau, une placette Donnait aux chèvres un campement.
Le battage se faisait sur l’aire Où se trouvait le vieux « paillé » Et où les poules téméraires Abandonnaient le poulailler.
La vie partait de la nature : Le pain, le vin étaient « maison ». La poulaille donnait nourriture Les chênes-lièges leur moisson. |
L’Oratoire fut construit naguère Sur le devant du vieux hameau, En hommage à la Sainte-Mère Qui le protège de là-haut.
C’est ainsi, de la Grande Guerre, Que tous sont revenus vivants. Depuis, quinze propriétaires Ont remplacé ces survivants.
Les plus âgés ont vu les chèvres, Vache et cheval à l’écurie ; Aux alentours, lapins et lièvres Courant joyeux dans les prairies.
Aujourd’hui, tout est différent, Mais l’esprit est là, qui demeure : Le « Pateq » est toujours présent, Chacun veille à ce qu’il ne meure.
Les jeux de boule et de palets Ont remplacé les travaux d’aire, Et le goudron permet d’aller Jusque sur la « cour de poussière ».
Les voitures qui se présentent Ne savent guère où se parquer. L’été, les enfants qui sont trente, Jouent au foot, au « Karaoké ».
Des maisons nouvelles ont paru, Les moeurs ont changé avec elles ; Les vieux chemins semblent des rues Et la source plus ne ruisselle.
Et, pourtant L’oratoire, à l’entrée, vous espère, Fleuri et bien entretenu, Et c’est ainsi la Bonne Mère Qui vous souhaite la bienvenue.
Gaston le chien, joyeux, aboie, Franco poursuit les tourterelles. Le coq chante comme autrefois Pour éveiller les hirondelles.
Si le temps et les gens modèlent, Il y aura toujours les lauriers Le grand pin, la petite chapelle, Pour l’agrément des « Vieux Guerriers »
B. Viaris de Lesegno
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